Avais-je vraiment le choix ?
Je me pose un instant, et je regarde ma vie. Où j'en suis. C'est un peu le bilan d'une vie qui s'éteint à petit feu; On se faisait des rêves, on imaginait le meilleur, mais, on ne pensait pas que le pire allait arriver. On espère, on ferme les yeux et on se dit que ce n'était qu'un cauchemar de plus. Et pourtant, la réalité est tout autre. Qui l'aurait cru ? Ce monde si beau, cette terre si pleine de vie, d'abondance et d'espoir. Nous voilà arrivés à la fin d'une histoire, à la fin d'un tout. Nous laissons derrière nous une terre isolée, sèche, et arride, un air pollué et irrespirable. Les températures sont telles, que nous avons dû nous restreindre à sortir dans les heures les plus chaudes. En hiver, c'est un froid extrême et en été c'est une chaleur insupportable. Les arbres peinent à pousser, les plantes ne sont plus que le reflet d'un désert aride. Il nous reste nos images, nos livres et nos souvenirs. Cette pluralité et cette nature que nous aimions jadis n'est plus. Nous sommes devenus des naufragés, des intrus, des ennemis. La guerre de l'eau nous à pousser à nous détruire. La famine a touché une large partie de la population, nos technologies n'ont pas été à la hauteur. Les privilégiés sont sous terre et dans les cieux. Les étoiles seules éclairent nos visages. J'ai perdu ma famille. Je suis seul maintenant. Je ne sais pas comment j'ai réussi à survivre à ce cataclysme. Pourquoi ai-je été épargné alors que tant de gens sont morts. Je ne suis pas au paradis mais bel et bien en enfer; Je respire tant bien que mal. Je me demande quelquefois si je suis ici pour une mission précise. Mais mes connaissances sont si infimes que je ne pourrai pas survivre plus longtemps. Il y a quelque chose en moi qui résiste, qui s'affole et qui veut vivre, coûte que coûte. Je suis à la croisée des chemins; Aujourd'hui, j'ai entendu un cri. Je ne saurai pas vous dire d'où il venait. J'ai juste ressenti en moi une peur si grande, une souffrance si forte que je m'en suis mordu la langue. Ah, je ne suis pas si faible finalement. J'ai réussi à survivre dans ce monde qui n'est plus celui que j'ai connu. Je continue à rêver pourtant, que l'on vienne nous sauver. Que nos pères nous reviennent. Ils l'ont promis et je compte les jours.
Nous sommes en 2036. L'astéroide nous a touché de plein fouet. Le silence est si intense que l'on pourrait entendre une mouche voler. Mais il y en a plus. J'en rigole. Nous avons tout essayé. Nous avions envoyé en mission des agents SpaceX mais ils n'ont pas réussi à modifier le trajet de cette immensité. Ils l'ont juste divisée en plusieurs morceaux. Certains se sont désagrégés en rentrant dans l'atmosphère mais d'autres ont réussi à atteindre le sol ce qui a entraîné des tsunamis, des tremblements de terre mais aussi l'éruption de volcans. Tout s'est passé si vite que l'on n'a pas tous eu le temps de nous mettre à l'abri. Ce sont des surfaces entières qui ont disparu. L'eau et la lave ont fusionné. J'ai vraiment cru que nous allions y rester. Nous sommes sous terre depuis, nous n'avons pas vu le jour depuis des mois; Je me demande tous les jours comment s'est à l'extérieur. Ici, nous avons de l'eau et de la nourriture déshydratée. On a des compléments alimentaires, tous les jours on avale un cachet nutritif et un verre d'eau vitaminée. On a perdu la sensation des choses, du goût et de l'odorat. Tout à la même saveur. C'est triste. On en oublie le goût des choses que nous avions. Nous sommes un petit groupe. Nous avons réussi à nous retirer à temps. Il y a principalement des femmes. Les hommes sont morts en grand nombre à la guerre et en mission. La résistance du corps des femmes a joué un rôle important; On a dû s'adapter assez vite à ce nouveau mode de vie. Nous n'avions pas vraiment le choix. C'était vivre ou mourir.
Tout est connecté. Nous avons trouvé les tunnels du monde lointain. La lumière paraît si douce d'en bas. Nos moyens technologiques ont évolué. La science, la médecine et l'agriculture sont tout autres. Nous sommes revenus à nos croyances spirituelles. L'esprit et l'âme cohabitent. Certains réussissent à sortir de leur corps et à traverser dans l'autre monde. Je n'y suis pas encore à ce stade de méditation. Je voudrais pourtant mais mes pensées se bousculent, et je n'arrive pas à faire le vide en moi.